Ces enfants qui travaillent tôt dans les rues de Kinshasa

Trésor Mulumba exercice l’un des métiers les plus négligés de la société. Être quado à fleur d’âge n’est pas toujours bien interprété. C’est comme si vous passiez à côté de vos rêves. Quado désigne, actuellement à Kinshasa, le métier de réparation, d’entretien ou vente des pneus. Trésor Mulumba, jeune Kinois, qui habite la commune de Matete a vu ce métier s’imposer à lui. Il n’est pas allé écrire une lettre d’emploi pour travailler. Il s’est dit lui-même surpris de faire ce métier. Nous l’avons rencontré sur l’avenue Lumière, où il a l’habitude de réparer les pneus des véhicules.

A 15 ans, ce jeune n’a eu d’autre choix face à l’impossibilité des parents que le prendre en charge. Ce travail lui permet de répondre à ses besoins et à ceux de sa famille. Lorsque nous l’avons rencontré, Trésor Mulumba est assis sur un bout de bidon. Devant lui se trouve une caisse où sont placés les barres de fers, visiblement des outils pour le travail. Derrière lui, des tas de pneus sont entassés. En fait, il se rêve toujours en grand ingénieur et dit vouloir reprendre le chemin de l’école. « Je n’ai pas besoin de faire ce travail, j’aimerais retourner à l’école», souhaite-t-il.

Tous les jours, son quotidien est simple. Quitter la maison tôt et venir au bord de la route pour voir arriver les premiers véhicules dont les pneus ont crevé. Il nous dit avoir suivi un vieux du quartier depuis deux ans à cet endroit. Celui-ci lui a appris le métier qu’il exerce aujourd’hui. En dehors des véhicules, le petit garage s’occupe aussi des motos. Lorsqu’une moto est garée, Trésor Mulumba se précipite et négocie le prix chaque trou du pneu avec le client, qui oscille entre 1000 FC et 1500 FC. Le jour où nous avons débarqué à son lieu de travail n’a pas été visiblement son meilleur. Il n’a gagné que 5000 FC. Pas assez, mais il dit que cela pourrait l’aider. A Kinshasa, beaucoup d’enfants à l’âge scolaire se réfugient dans des métiers qui ne garantissent pas leur avenir.

En 2007, l’Enquête Démographique et de Santé (1) révélait qu’environ 3 enfants sur 4 (71 %) âgés de 5 à 17 ans travaillaient. Aujourd’hui, ces chiffres ont radicalement baissé : ce sont actuellement moins de 2 enfants sur 4 (38%) qui travaillent. Cela signifie qu’en 7 ans, l’ampleur du travail des enfants a baissé de 33 points. Quant aux enfants qui participent aux tâches domestiques de façon excessive (4h ou plus par jour), ils ne sont plus qu’au nombre de 6% contre 11% en 2007.

Ronsard Luabeya