Comment les médias doivent couvrir la variole du singe ?

Article : Comment les médias doivent couvrir la variole du singe ?
Crédit: Wiki commons
23 août 2022

Comment les médias doivent couvrir la variole du singe ?

Face aux diverses pandémies qu’a connu l’humanité, les médias ont-ils appris à mieux informer sur les maladies qui inspirent la peur collective ? Avec le covid-19, l’expérience a montré que la nécessité de donner la bonne information pouvait repousser la mauvaise et sauver des vies.

A l’heure où les réseaux sociaux sont devenus les canaux de propagation de fausses informations, que font les médias pour informer sur les maladies affectant l’humanité ? Dans cet article, l’accent est mis sur la couverture médiatique de la variole du singe. En effet, il s’agit d’un virus qui se transmet à l’humain et cause un syndrome dont les manifestations cliniques sont analogues à celles de la variole (éruption pustuleuse, fièvre, symptômes respiratoires…), mais moins graves.

Le 4 août dernier, un webinaire, organisé par le Forum Pamela Howard de l’ICFJ sur le Reportage des Crises Mondiales, a été consacré à ce sujet. Ancien du journal Libération et aujourd’hui directeur de la rédaction de The Conversation France, François Rousselot a été invité à partager son expérience dans la couverture des pandémies et a donné des conseils pratiques sur comment les journalistes doivent s’y prendre pour la variole du singe.

Il faut toujours avoir recours à l’expertise

Pour couvrir la variole du singe, François Rousselot indique que les journalistes devraient limiter le risque de désinformation en recourant aux experts pour mieux comprendre les contours de la maladie. Ils ne devraient pas se contenter des informations dont ils peuvent disposer ou estimer qu’ils ont les réponses à toutes les questions. « Il faut rester très prudent. Il faut être humble quant au traitement du sujet », conseille le directeur de rédaction de The Conversation France.

Pour éviter des supputations sur la maladie, François Rousselot invite les journalistes à faire parler les experts. « Même quand ils ne savent pas, ces experts doivent le dire par eux-mêmes », soutient-il, appelant les professionnels des médias à l’humilité lorsqu’il s’agit d’aborder certains sujets.

Il faut informer intelligemment

Face à des questions de santé publique, les journalistes doivent éviter le sensationnalisme et des titres accrocheurs, rappelle François Rousselot, mais plutôt « informer intelligemment ». Car, le rôle des journalistes est de traiter profondément un sujet plutôt que de rester en surface. C’est pourquoi, ils peuvent aborder le sujet sous différents angles. Le directeur de rédaction de The Conversation France propose que l’accent peut être mis sur « l’origine de la variole du singe, ses méfaits ou sa propagation ». Ce genre d’angles peuvent être plus intéressants, car ils participent à la connaissance de la maladie.  

François Rousselot souligne que le traitement de ces différents angles nécessite la descente sur terrain. Les journalistes devraient par exemple interroger les experts sur le sujet. Si ceux qui ont découvert la maladie, poursuit cet ancien de Libération, sont encore vivants, les journalistes peuvent les rencontrer pour déterminer dans quel contexte le virus est né. Il suggère également de rencontrer les malades pour pouvoir connaître leur ressenti concernant la maladie. Pour lui, « les journalistes ne doivent se limiter qu’aux faits ».

Il faut rester inédit

Un article sur la variole du singe ne va intéresser la rédaction d’un média que lorsque ce qui est rapporté n’a jamais été dit ailleurs. Pour cela, les journalistes doivent être capables de faire des observations et se poser de bonnes questions, avance cet ancien de Libération. Quant aux observations, François Rousselot pense qu’il faut « écrire ce qu’on voit ». Pour lui, un article ferait la différence s’il porte sur ce que les journalistes ont vu et entendu. Les informations rapportées vont alors lui donner un caractère inédit.

Quant aux interrogations, le directeur de rédaction de The Conversation France estime que les journalistes ne doivent pas cesser de se poser des questions, par exemple sur la propagation du virus. Pour lui, il faut arriver à expliquer la variole du singe au sens large en donnant des éléments du contexte afin de mieux comprendre le présent, c’est-à-dire, l’état d’informations actuelles.

Ronsard Luabeya

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