RDC : les universités congolaises sont-elles prêtes à appliquer le système LMD ?

Article : RDC : les universités congolaises sont-elles prêtes à appliquer le système LMD ?
Crédit: Radiookapi
16 septembre 2021

RDC : les universités congolaises sont-elles prêtes à appliquer le système LMD ?

Les états généraux de l’Enseignement supérieur et universitaire se sont clôturés ce mardi 14 septembre à Lubumbashi dans la province du Haut-Katanga. Après quatre jours des travaux organisés à l’université de Lubumbashi (UNILU) en perspective de requalifier et de redresser l’enseignement supérieur congolais, les participants ont fait des recommandations pour améliorer l’enseignement supérieur et universitaire. La recommandation principale est la généralisation du système LMD dès le début de l’année académique prochaine.

Le système LMD (Licence-Master-Doctorat) est celui que devront désormais appliquer les universités congolaises. C’est aussi le choix du ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, Muhindo Zangi, qui s’est battu, depuis sa nomination, pour cette réforme. Les universités congolaises sont-elles prêtes à appliquer le nouveau système ?

Depuis une décennie, la question de réforme de l’enseignement supérieur était toujours au centre des discussions. Mais rien n’avait jamais été réalisé. Car le système LMD est plus exigeant que celui de Graduat-Licence-Doctorat. Pour le rendre concret, les universités doivent disposer des outils didactiques mis à jour. Pourtant, la plupart de nos institutions universitaires ne sont pas prêtes à accueillir la réforme. Si pour beaucoup d’étudiants, le nouveau système améliorerait la qualité de l’enseignement, d’autres étudiants seront sacrifiés. Voici les trois raisons qui le justifient.

Première raison : le manque d’infrastructures

Beaucoup d’universités, situées à l’intérieur du pays, font face à des difficultés d’ordre structurel. Certaines ne disposent pas d’infrastructures adéquates pour accueillir leurs propres étudiants. Elles squattent dans des écoles primaires ou secondaires. Elles n’ont ni bibliothèque ni laboratoire. Je suis moi-même étonné de savoir comment elles trouvent leurs agréments pour fonctionner. Plus grave, j’ai vu des étudiants passer des cours sous des tentes.

Deuxième raison : l’indisponibilité des enseignants

Parcourez les universités congolaises. Beaucoup n’ont pas d’enseignants qualifiés. Peu sont ces professeurs qui acceptent de venir dispenser les enseignements dans les provinces. Cependant, beaucoup restent à Kinshasa, parce qu’ils ne trouvent pas d’intérêt à venir en provinces. Aujourd’hui, certaines universités font face à un nouveau phénomène appelé « année élastique ». Cela veut dire qu’il y a des étudiants qui font une année de deux ans dans une même promotion à cause de l’indisponibilité des enseignants.

Troisième raison : ce sont les assistants ou chefs de travaux qui donneront cours

Imaginez qu’à la place des professeurs, ce sont des assistants ou des chefs de travaux qui dispensent des enseignants. Le pire est inévitable. La qualité de l’enseignement sera en train de se désagréger. Maintenant que le nouveau système vient d’être imposé aux universités, seront-elles à la hauteur ? J’ai peur. Car la nouvelle réforme sera peut-être observée dans les universités déjà enclines à l’appliquer, comme l’université de Kinshasa ou l’université de Lubumbashi pour ne citer que celles-là.

Ronsard Luabeya

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