Kasai oriental : quand les habitants de Mbujimayi trouvent des solutions au problème de courant électrique

Article : Kasai oriental : quand les habitants de Mbujimayi trouvent des solutions au problème de courant électrique
Crédit: Habari RDC
23 août 2021

Kasai oriental : quand les habitants de Mbujimayi trouvent des solutions au problème de courant électrique

Par manque d’un courant électrique permanent, les habitants de Mbujimayi, capitale de la province du Kasai oriental, ont appris à se prendre en charge. Devant un Etat défaillant, certains Mbujimayiens ont développé des initiatives privées pour combler cette insuffisance. Ils ont créé des unités de distribution du courant électrique, qui fonctionnent grâce à des groupes électrogènes.

Ces idées entrepreneuriales paraissent dingues pour certains, mais il faut savoir que les entreprises fonctionnent effectivement. Elles desservent des quartiers où les sociétés de distribution du courant électrique sont quasi-inexistantes. Aujourd’hui la concurrence semble rude, car ce genre d’entreprises pullulent actuellement dans toutes les communes de la ville.

Ces hommes qui ont vraiment tenté

Jonas Mulumba, 34 ans, fait partie de ces citoyens qui ont compris qu’il ne faut pas tout attendre de l’Etat. A 27 ans, il a remarqué que les habitants de son quartier avaient des difficultés à charger leurs téléphones ou à regarder la télévision. La raison : le courant n’arrivait pas dans son quartier. Lui comme ses concitoyens devaient rejoindre des endroits où l’énergie électrique était disponible.

D’où l’idée qui lui est venue de tenter de résoudre le problème. Il s’en est convaincu et a créé sa propre unité d’approvisionnement de courant électrique, qui couvre près de cinq quartiers de sa commune. Même si ce n’est pas suffisant, ce jeune entrepreneur pense tout de même avoir apporté une valeur ajoutée à sa commune. Le courant électrique , c’est vraiment ce dont la population a constamment besoin.

« Dire aujourd’hui que la population n’a pas besoin de courant, c’est se tromper carrément. L’électricité est devenue vitale. Si vous utilisez un téléphone, vous avez besoin de courant pour le charger, de même pour un ordinateur ou un autre appareil. Malheureusement, nous vivons dans une ville où l’électricité n’appartient qu’aux riches», fait savoir Jonas Mulumba.

Grâce à son groupe électrogène, il dessert l’électricité à plusieurs dizaines de ménages. Et les jeunes qui tiennent des boutiques ou cabines publiques sont parmi ses clients. Son entreprise engage 15 personnes et cela donne l’air de bien marcher.

« Je peux me contenter de ma clientèle. D’ailleurs, je vais prochainement installer un autre groupe à Masanka [un quartier]», dit-il en souriant.

A Dibindi, deuxième vaste commune de Mbujimayi, Albert Mfuamba, 50 ans, a ouvert une entreprise du même type dans son quartier. Son avantage est d’avoir installé son groupe électrogène au bord d’un marché, où la demande est très importante, indique-t-il.

« Ici, mes principaux clients sont des tenanciers des cabines publiques. Ils ont constamment besoin du courant pour charger les téléphones de leurs clients», fait savoir cet entrepreneur.

« J’ai engagé 20 personnes, dont mes enfants, pour assurer le contrôle. Le marché est vaste. Certains résolvent les problèmes et les autres perçoivent l’argent quotidiennement», ajoute-t-il.

L’électricité est sûrement devenue un luxe dans la ville de Mbujimayi. Il faut faire partie de la classe des riches pour en demander le raccordement. C’est ainsi que la grande partie de la ville se trouve dans l’obscurité. Ici deux sociétés distribuent l’énergie électrique.

Aucune attention des autorités publiques !

Si ces initiatives locales sont à encourager, une chose cependant doit attirer l’attention des autorités. Il s’agit des conditions dans lesquelles ces entreprises font le raccordement électrique. Au lieu des poteaux électriques, ils utilisent des tiges de bambous et des fils non isolés pour raccorder l’électricité chez leurs clients. Visiblement, cela constitue un danger. Lors des pluies diluviennes, certaines tiges de bambous se coupent ou se déracinent à cause de la force du vent. Parfois, les fils utilisés provoquent des court-circuit, entraînant des morts ou des incendies. Dans le passé, plusieurs cas ont été enregistrés. Le gouvernement du Kasai-oriental avait tenté de formaliser le secteur, mais sans succès.

Ronsard Luabeya

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