RDC : et si Félix Tshisekedi visitait certaines provinces

Les récents voyages du président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, ont été vivement critiqués par les Congolais. Ces derniers jours, une polémique sur les apports de tous ces déplacements s’est enflée dans les médias et à travers les réseaux sociaux. En deux semaines, le chef de l’Etat s’est déplacé en Israël, en Italie et au Royaume-Uni.

Sur les réseaux sociaux, le retour triomphal de Félix Tshisekedi a semblé moins intéresser les internautes. Les Congolais, eux, s’interrogeaient sur ce qu’apportent réellement ces voyages. Dans les médias, quand on annonce que des milliards de dollars américains ont été ramenés dans le trésor public, cela paraît moins rassurant. Car, pour le peuple Congolais, il faut que les conditions de vie soient améliorées. En parcourant Facebook, les internautes ont réagi durement. Ils estiment que les déplacements coûtent tellement au trésor public qu’il faut les arrêter.

« Toi tu donnes des chiffres qui sont pas enregistrés dans les comptes de la République, car les réserves naturelles de la banque ne correspondent pas à ce montant. »

C’est ce que commentait un internaute sur une publication Facebook. Il réagissait aux propos du ministre de la Communication et Médias qui, dans une interview accordée à RFI, expliquait que les voyages du président ont rapporté près de 4 milliards dollars américains au trésor public.

Et si Félix Tshisekedi visitait les provinces

Depuis son avènement au pouvoir, le président Félix Tshisekedi avait entrepris des déplacements dans la sous-région. Il rencontrait ses homologues pour parler de la paix et faciliter la signature de plusieurs accords. Ce qui a été fait dans un laps de temps. Tous les Congolais s’étaient réjouis du rôle que commençait à jouer la République démocratique du Congo dans la sous-région. Cependant, lorsque les voyages sont devenus interminables, cela n’a laissé personne indifférent. Les réactions ont fusé et fusent de partout. Beaucoup pensent qu’il devrait passer plus de temps au pays, en visitant les provinces. Là, il pourrait réaliser comment ses compatriotes croupissent dans la misère.

En deux ans et demi de pouvoir, Félix Tshisekedi n’a visité que quelques provinces sur 26. On peut citer le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, le Haut-Katanga, le Lualaba, le Congo central, le Tshopo, l’Ituri et Kinshasa où il est installé. Parmi ces provinces, il y a celles qui sont accessibles, à travers des aéroports ou des routes quelque peu soignées. Mais il faut dire qu’il y en a d’autres qui n’existent que de nom. Sans infrastructure viable, elles sont enclavées. Et les compatriotes qui y vivent sont isolés et déconnectés du reste du pays. Ils vivotent, car la misère y est perceptible. Je pense que nous ne devons pas nous voiler la face. La misère dont je parle n’est pas un stéréotype ou un préjugé. C’est des choses vraies. C’est une autre réalité du Congo quasi-inexistante dans l’espace public. Tous les Congolais ne vivent pas à Kinshasa ou dans d’autres grandes villes. Je pense que le Chef de l’Etat devrait visiter ces provinces et rencontrer ces Congolais qu’il ne voit jamais dans la capitale. Peut-être comprendrait-il la frustration de ses administrés qui ont besoin de voir les choses changer.

Arrêtez les discours fantaisistes

Le Congo est un pays riche ou peut-être potentiellement riche. Le pays dispose de milliers de terres arables. Il peut nourrir le monde entier. Ces phrases-là, on les entend souvent. Je peux même dire qu’on les assène trop. Les Congolais n’ont rien à voir avec toutes ces potentialités. Personne n’en profite. Cela doit bien s’arrêter. Le président de la République doit trouver de nouveaux mots pour vendre le pays à ceux qui souhaitent investir. Il est impossible d’imaginer le développement dans ces conditions.

Mais ce qui me fait mal, c’est le fait que des projets de construction des voiries entrepris dans tout le pays aient été arrêtés sans aucune explication. Le peuple Congolais ne sait pas à qui demander des comptes. Ce qui est encore plus grave, c’est que personne ne lui est redevable. Les gouverneurs de ces provinces sont totalement démissionnaires. Et ils se font passer pour des spectateurs. Quand on dit qu’il n’y a pas de route, ni d’électricité, ni d’eau, cela paraît une chanson à laquelle ils sont déjà habitués. Je plains leur insensibilité. Je crois que Félix Tshisekedi doit arrêter de regarder le Congo dans le miroir. La crise sociale est une évidence. Aujourd’hui, dans tous les secteurs de la vie, rien ne marche.

Ronsard Luabeya