RDC : les jeunes intéressés par la Ligue des Champions UEFA faute d’un championnat local attractif

Le championnat européen, et particulièrement la Ligue des Champions UEFA, connaît une popularité sans égale en République démocratique du Congo (RDC). Cette fascination est particulièrement palpable dans des régions comme le Kasaï oriental, où l’impact de ce championnat transcende les simples frontières sportives pour influencer le tissu social et économique local.

Pour tous ceux qui liront ce billet, je vous précise d’entrée de jeu que je ne suis pas un fan sportif. Je ne suis pas passionné du football. Non, je rigole. Je compte vous parler de l’engouement que j’observe chez les jeunes de ma province pour les compétitions européennes. Moi, j’habite le Kasaï Oriental, une des 26 provinces de la RDC. Elle est située au centre du pays et a comme capitale ou chef-lieu : la ville de Mbujimayi. Ici, l’amour du sport a atteint de nouvelles proportions. Loin de Madrid et Barcelone, de Paris et Berlin, le foot européen a réussi à conquérir les jeunes de ma province. Les uns sont fans de Barcelone et les autres du Real Madrid, un peu plus du Paris Saint-Germain dont le principal joueur Kylian Mbappe attirait l’attention grâce à ses exploits sportifs sur terrain.

En prenant l’exemple du Kasaï Oriental, l’ampleur de cet engouement est saisissante. Le samedi 1er juin, tous les bars, terrasses, nganda (bars locaux), et restaurants de la ville s’étaient transformés en véritables stades pour la finale de la Ligue des Champions. Ces établissements étaient bondés. L’achat d’une bouteille de boisson donnait droit à une chaise, permettant ainsi aux clients de suivre le match dans une ambiance électrisante de stade. Ce phénomène n’est pas limité à Kasaï Oriental, mais s’étend également à Kinshasa, où la frénésie pour les matchs européens est tout aussi marquée.

La faiblesse du championnat local

Cette passion débordante pour les compétitions européennes souligne paradoxalement la faiblesse du championnat local en RDC, et spécifiquement dans des régions comme le Kasaï Oriental. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation. Les infrastructures sportives locales sont souvent vétustes et mal entretenues. Contrairement aux stades européens modernes, les terrains de football locaux manquent souvent des commodités de base, ce qui dissuade les spectateurs de se rendre aux matchs.

Un faible niveau de professionnalisme et une couverture médiatique insuffisante

Le championnat local souffre d’un manque de professionnalisme comparé aux ligues européennes. Les clubs congolais manquent de ressources financières pour attirer des talents de haut niveau ou pour investir dans la formation des jeunes. Les conditions de jeu et de vie des joueurs locaux sont souvent précaires, ce qui impacte directement la qualité des compétitions. La médiatisation des matchs locaux est également très limitée. Les chaînes de télévision et les médias locaux préfèrent souvent diffuser les grandes compétitions européennes, qui attirent plus d’audience et de revenus publicitaires. Par conséquent, le public est moins exposé aux talents locaux et aux compétitions nationales.

Culture du football européen

L’attrait pour le football européen est profondément enraciné dans la culture locale. Les grands clubs européens comme le FC Barcelone, le Real Madrid, ou Manchester United ont une base de supporters massive en RDC, alimentée par une couverture médiatique intense et la commercialisation des produits dérivés. Ce phénomène éclipse largement les clubs locaux qui peinent à susciter un enthousiasme similaire.

L’ampleur du championnat européen en RDC, particulièrement au Kasaï Oriental, est un témoignage de l’attrait irrésistible du football européen. Cependant, cette fascination met en lumière les défis auxquels fait face le championnat local. Pour inverser cette tendance, il est crucial de moderniser les infrastructures, de professionnaliser la gestion des clubs, d’améliorer la couverture médiatique des compétitions locales et de promouvoir activement le football national. Sans ces efforts, le football local continuera de vivre dans l’ombre de son prestigieux homologue européen. Je peux néanmoins affirmer que la seule fois où j’ai vu les jeunes fédérés et attirés par le football africain, c’est lors de la Coupe d’Afrique des Nations. Très malheureux.

Ronsard Luabeya