Quel danger de vivre comme si le Covid-19 n’existait pas !

On le dira combien de fois ! Le Covid-19 existe, circule et tue des gens. Certains ne semblent pas du tout y croire. Je l’ai observé dans ma province. Le Kasai oriental est une des 26 provinces de la République Démocratique du Congo (RDC), située dans la partie centre-sud du pays. Là, une majeure partie de la population doute encore de l’existence de la maladie. Alors que le comité local de riposte rapporte près de 42 cas de contaminations dont une dizaine de décès. Un record jamais enregistré depuis.

Pourtant, la population bafoue les gestes barrières. Les gens portent rarement les masques. Dans les milieux publics, il n’est plus question de respecter la distanciation sociale. On vit comme si le Covid-19 n’existait pas.

Les doutes persistent encore

Et parmi ceux qui doutent, Marie Muleka, une vendeuse ambulante de bananes. Assise devant la terrasse où je picolais, je la fais venir d’un signe de la main. Tout d’un coup, une discussion éclate sur les prix. Mais on n’arrive pas à s’accorder. Nous prenons quelques minutes encore jusqu’à notre accord. Puis, ça s’enchaîne sur un autre sujet: le coronavirus. Là, je découvre que la jeune femme n’est pas disposée à accepter l’existence du coronavirus.

« Depuis qu’on parle de la maladie, personne n’en a souffert. C’est juste des rumeurs. On fait exister la maladie pour l’argent. Vous pensez qu’avec le soleil que nous avons ici, le coronavirus peut résister. Les personnes qui meurent le sont pour d’autres raisons. Moi, je vis ma vie. Je n’ai rien à voir avec tout ça», déclare-t-elle.

J’essaie de la raisonner sur l’évolution du Covid-19. Je lui cite des personnalités politiques emportées par la maladie pour facilement la convaincre. Rien de tout ça ne lui change des idées. Je lui dis que le pays fait face à une troisième vague. Elle répond :
« Ici [ pour parler de ma province], on n’a jamais connu de première vague. Comment on nous parle de la troisième ? », m’explique-t-elle.

Alors je réalise qu’il y a des gens comme la vendeuse Marie Muleka qui vivent comme si le Covid n’existait pas. C’est très dangereux.

D’où viennent les doutes ?

La province du Kasai oriental [RDC] n’est pas fortement touchée, malgré les pires vagues de contaminations observées dans le pays. Alors, des doutes persistent à cause d’une communication insuffisante. Les autorités locales ont bien sûr adopté l’approche de sensibilisation pour prévenir la maladie, sans que cela soit suffisant.

L’absence de communication publique laisse libre cours aux rumeurs et aux désinformations. Et si la population n’est pas bien informée, alors les rumeurs deviennent la source principale d’informations. Dans ce cas, imaginez les pires scénarios.
Un autre problème : les mesures prises ne sont pas respectées par manque de suivi. Et lorsqu’il y a un délaissement, tout porte à croire que la maladie n’existe pas. La population va alors prétendre que le port des masques n’est plus obligatoire. Aucun intérêt d’observer la distanciation sociale.

Attention ! Le coronavirus existe. Protégez-vous.

Ronsard Luabeya